top of page
Rechercher
  • casparvth

Mon argent pour le pire et le meilleur

Urgence. Disparition des espèces, catastrophe climatique. Les informations véhiculent l’inquiétude sur les effondrements. Certains pays vivent déjà la pénurie.

Dans ma tête, pour assurer pour ma famille et moi, la solution ce peut-être de faire des stocks.

En tous cas, il me semble que mon avenir, ma sécurité, c’est mon argent de côté.

Et a priori, mes questions personnelles : « Comment utiliser mon épargne ? À qui confier et donc prêter mon argent ? » n’ont pas de lien avec notre quête collective : « Comment financer les transitions ? »

Pour financer en France, la transition énergétique, notre sécurité alimentaire et la résilience de nos territoires, 50 milliards par an pendant 15 ans seraient nécessaires.

En réfléchissant, cela fait 1000 euros par an par français.

Or, moi j’ai 30 000 euros d’économie. Je peux peut-être orienter mon épargne dans ce sens. Cela tombe bien, j’ai rendez-vous à la banque ce matin.

Ma responsable clientèle de la BNSGA (Banque Nationale de la Société Générale Agricole) me reçoit :

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Les taux sont bas aujourd’hui. Mais heureusement il reste deux produits qui répondent aux exigences de sécurité absolue de votre capital. Le Certificat de dépôt (CD). C’est parfait. C’est garanti par la banque. Et puisque vous placez moins de 100 000 euros c’est garanti par le fonds de garantie des dépôts bancaires.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Mais elle ne peut m’expliquer ce que vont devenir mes 30 000 euros.

En fait, l’argent collecté via mon CD, va être confié à un hedge fund dont le directeur est un des anciens de la banque qui est parti en bonne entente avec sa direction pour le gérer.

Mais dans un bureau du paradis fiscal qui héberge cet hedge fund, si on laisse traîner une oreille, durant la réunion de stratégie d’investissement du hedge fund, on peut entendre d’étranges propos.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

… ce qui marche aujourd’hui c’est acheter des usines à charbon dont veulent se débarrasser certains pays… soit on les redémarre et comme on les aura achetées à bas prix, on va faire du profit, soit on nous interdit de les redémarrer et on fera un procès à l’Etat qui nous priverait alors d’un manque à gagner sur nos bénéfices futurs potentiels.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Je suis un peu refroidi, je retourne voir la responsable clientèle qui me recommande vivement un autre investissement :

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Notre produit d’assurance-vie vous offre une garantie sur 95% du capital et un rendement proportionnel à l’augmentation du prix des céréales. Vous savez bien que la production agricole mondiale est en baisse à cause des problèmes climatiques. Si les produits agricoles flambent, notre fond prendra de la valeur et votre pouvoir d’achat sera maintenu. Et là, je peux vous assurer que tout est clair. Le directeur de notre branche assurance-vie va acheter un indice matière première sur les céréales qui est fabriqué par la célèbre banque internationale UB Goldsisters.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Mais, chez le directeur financier de UB Goldsisters, on peut également surprendre une autre conversation

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Les récoltes seront mauvaises. Nous avons acheté des options sur le marché. Pas directement pour ne pas être mis en cause. Mais sur un marché garantissant l’anonymat via nos hedge funds partenaires à qui nous avons prêté des fonds. Je sais que nos hedge funds partenaires achètent des cargaisons de riz en haute mer, qui devaient être déchargées au Sénégal, pour être stocké dans nos silos. Il faut continuer à faire monter les prix des céréales avant de prendre nos bénéfices. Continuons aussi à verser des commissions à nos banques partenaires pour qu’elles incitent encore les clients à investir dans notre indice matière première. Quand nous aurons pris nos gains, nous laisserons les prix s’effondrer.

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

La tête me tourne. Ou placer mes 30 000 Euros ?

Puis-je les prêter sans risque … même à un taux qui ne me semble pas malhonnête… sans me demander à quoi ils vont servir ? Mon intranquillité augmente ce dimanche quand l’ange de l’église d’Orange proclame …

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

« Si tu prêtes de l’argent à mon peuple, au malheureux qui est avec toi, tu n’agiras pas avec lui comme un usurier… tu ne lui imposeras pas d’intérêt. » (Exode 22, 24-26)

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

Je prends conscience qu’avec ma banque je ne prête à aucun malheureux.

Je prends conscience qu’il est même possible que je participe à la fabrique des malheureux : au Sénégal ceux qui souffriront du manque de riz, en Europe ceux qui respireront le charbon ou bien ceux auxquels leur Etat va couper les services publics pour payer les dédommagements qu’il va devoir à mon hedge fund sans scrupules.

Du coup, me vient une idée folle : Si je prêtais à 0%, si je prêtais sans ma banque ?

Et si, cette économie de Dieu qui défend le prêt à 0% d’intérêt répondait à mon désir profond ? Et à notre avenir ?

Donc, pourquoi ne pas prêter à 0% ? Qu’est-ce que ça peut changer ?

Je prêterais bien à la nation ou à ma région à 0% pour qu’elles financent exclusivement les opérations de transition énergétique.

Et si je prêtais un peu à ce jeune voisin qui veut changer de métier et acheter son four à pain ?

Ou si j’achetais un hectare de terre autour de chez moi à Orange et qu’avec tous ceux qui feraient comme moi, on fasse mutualité. On prêterait cette terre sans intérêt à un maraicher pour 20 ans. Pour lui, location gratuite et possibilité de vivre dignement de son travail. Pour moi, certitude que mes économies aident à préserver mon territoire.

Mais les questions m’assaillent.

Tout d’abord, je veux pouvoir reprendre mon argent en cas de besoin.

Serais-je certain de trouver un nouvel investisseur pour prendre ma suite et perpétuer la location si j’ai besoin de récupérer mon argent ?

La banque m’offre cette garantie pour ses produits. Du moins officiellement ! Mais en fait, le fond de garantie n’est doté que d’un montant dérisoire et les investissements spéculatifs qui sont derrière les produits bancaires restent très risqués, et je me surprends de repenser à la crise de 2008.

Et puis je pressens que je ne veux pas faire face à mon débiteur. Oserai-je réclamer mon argent à mon jeune voisin qui a acheté son four à pain, et peut-être mène la belle vie et ose me dire qu’il ne peut me rembourser ?

La banque m’offre ce service. Avec elle, prêteurs et débiteurs ne se voient pas.

Derrière ce prêt à 0%, il y a ma responsabilité d’être en vérité avec mon débiteur. La proximité qu’implique cet engagement d’Homme à Homme change la donne pour l’un et l’autre. Si je vois l’infortune de mon débiteur, ne serais-je pas prêt à la remise partielle de dette ? Ce face à face est exigeant.

Cette exigence est le prix à payer pour ne pas fermer les yeux sur un système complexe qui détruit le plus souvent les hommes et la planète.

Cette exigence est possible, mais difficile :

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

« Jésus, regardant autour de lui, dit à ses disciples : Qu'il sera difficile à ceux qui ont des richesses d'entrer dans le royaume de Dieu ! » (Marc 10 :23)

-----------------------------------------------------------------------------------------------------------------------------

L’argent détruit la planète. Or Dieu qui défend le prêt à 0% d’intérêt ne désespère pas de la réparer.

… Et si je lui prêtais mon argent ?

Annick Blanc, René Blanc, Denis Dupré, Véronique Dupré, Dominique de France, Martine Kentzinger, Caspar Visser ‘t Hooft (du réseau Bible et Economie)









42 vues0 commentaire

Posts récents

Voir tout
bottom of page