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Jésus-Christ, seigneur de l'économie

  • casparvth
  • 5 avr. 2014
  • 3 min de lecture

Par Caspar Visser 't Hooft/Dominique de France/René Blanc

Notre système économique n'est pas une fatalité à laquelle l'on ne peut que se soumettre. L'économie n'est pas non plus la chasse gardée d'économistes qui essayent de nous faire croire qu'il s'agit d'un sujet trop compliqué pour le commun des mortels. Les chrétiens sont appelés à participer à un débat citoyen toujours à renouveller: Quelle économie voulons-nous?

Les chrétiens confessent que Jésus-Christ est Seigneur parce qu’ils croient qu’il règne sur toute la réalité et non pas sur certains aspects de la réalité seulement.

Dans l’histoire, il y a toujours eu cette tendance à vouloir cantonner Jésus-Christ dans certains domaines bien circonscrits afin de soustraire d’autres domaines à sa seigneurie. C’est avec empressement que nous nous référons à Jésus-Christ, au message biblique qu’il représente, dès lors qu’il s’agit de tout ce qui concerne les limites de la vie, c’est-à-dire la naissance, la mort, ainsi que certains sujets d’éthique personnelle. C’est peut-être aussi parce que c’est là que du côté de la société laïque l’on fait parfois appel à nous, chrétiens, dans le cadre de débats éthiques. Je parle de la bioéthique, de sujets comme l’avortement, l’euthanasie. Je parle de la question du mariage pour tous, etcetera. Pour beaucoup, il est déjà moins évident que des chrétiens se prononcent, en tant que chrétiens, sur des problèmes de société tel l’immigration. Fi donc ! Vous faites de la politique ! Que les chrétiens se penchent sur l’économie, interrogent les mécanismes économiques qui font la pluie et le beau temps dans nos sociétés, et cela à la lumière du message biblique, cela paraît encore moins évident.

Non pas que cela ne s’est jamais fait. Au contraire, au niveau du Conseil œcuménique des Eglises par exemple, beaucoup de travail a été fait sur le sujet. Il y eut d’ailleurs tout un courant théologique, notamment au sein du catholicisme, qui mariait la réflexion théologique à une analyse approfondie des mécanismes économiques de notre temps, je parle de la théologie de la libération. Mais c’est comme avec tout, des sujets qui pendant un temps occupent la première place dans nos agendas, y sont remplacés par d’autres. On s’y intéresse moins. Il fallait peut-être ce phénomène qu’on appelle « la crise » pour qu’à nouveau la question de l’économie nous interpelle. On s’est posé la question : mais au fond, qu’est-ce qu’on y comprend, à cette crise ? Qu’est-ce qu’on comprend à cette économie dont nous avons l’impression qu’elle est devenue folle et non-maîtrisable ? Et si nous n’y comprenons rien ou très peu, comment pouvons-nous jouer notre rôle de citoyens de façon responsable ? Et aussi, comment pouvons-nous répondre à l’appel du Seigneur à être les témoins de son règne, si nous comprenons si peu à la réalité qui est la notre, faute de comprendre les mécanismes économiques qui la commandent ? On ne saurait trouver les mots justes, on serait toujours gentiment à côté de la plaque. Il est bon, par conséquent, de s’instruire dans le domaine, afin de pouvoir interroger l’économie d’une façon avisée et percutante, et cela, pour nous chrétiens, à la lumière de l’Evangile. Ceci fait partie de cette liberté que le Seigneur nous donne, et qui nous empêche de nous laisser impressionner par ceux qui essayent de nous faire croire que le sujet serait devenu « trop compliqué » pour les simples citoyens que nous sommes. Cette affirmation-là doit être rejetée de façon catégorique. Sinon, on se complairait à une situation où seuls des spécialistes aient leur mot à dire sur ce sujet de société absolument essentiel, ce qui supposerait, de fait, la fin de la démocratie.

Pour les chrétiens, ce serait d’autant plus inacceptable, qu’ils confessent que Jésus-Christ est le Seigneur, c’est-à-dire le Seigneur de tous les domaines de la réalité, donc aussi de l’économie. Il est le Seigneur de l’économie, ses paroles en qui s’accomplissent les commandements de Dieu, concernent aussi le domaine de l’économie. L’économie ne peut se soustraire au commandement de l’amour du prochain. Laisser ce domaine aux seuls experts sous prétexte que les choses seraient devenues si complexes que seuls quelques uns puissent encore les maîtriser, ce serait donc non seulement démissionner en tant que citoyen, ce serait aussi refuser au Seigneur cette seigneurie - que de toute façon il possède - à savoir la seigneurie sur toute la réalité.

(Introduction aux interventions pour la journée de partage et de formation "Bible et économie", à Sanary, le 18 janvier 2014, dans le cadre de l'Eglise protestante unie de France - région PACCA)

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